
MHeMO, Maison d'histoire et de mémoire
Ongles
Cet ancien hameau de forestage transformé en lieu de mémoire témoigne de l'accueil de 25 familles harkies rapatriées d'Algérie en 1962.
Premier village de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur à recevoir des familles harkies rapatriées d'Algérie et premier hameau de forestage à ouvrir. Ongles accueille 25 familles, environ 133 personnes, originaires de Palestro
Leur arrivée en France puis à Ongles a été organisée par le lieutenant Yvan Durand chef d'une des 7 sept SAS (section administrative spécialisée) créée dans le département de Grande Kabylie. Il quitte l'armée pour rapatrier "ses" anciens supplétifs.
Le 6 septembre 1962 le groupe de Harkis est d'abord logé dans des tentes fournies par l'armée dans l'urgence et faute de logements disponibles.
Un terrain privé est réquisitionné le 18 août 1962 en vue de la construction de baraquements préfabriqués. Le gros œuvre achevé, les Harkis s'occupent des finitions. Mais les travaux d'électrification, d'assainissement et d'adduction d'eau sont à réaliser en urgence.
Le 18 décembre 1962 est créée une association pour venir en aide aux familles, le comité d'Ongles pour le soutien et la promotion sociale des rapatriés musulmans d'Algérie.
Le chantier de travail forestier ouvre le 14 janvier 1963 sous la direction de Yvan Durand alors inspecteur départemental des hameaux forestiers. A cette date, il accueille 28 forestiers, leurs épouses, 5 adultes (parents), 51 enfant de moins de 10 ans, 9 âgés de 10 à 16 ans dont 14 sont scolarisés.
Le terrain est acheté par l'Etat en janvier 1965. La fermeture du hameau est programmé pour le début de l'année 1965 une fois les familles relogées à Cannes et les Harkis reclassés dans les services municipaux de la ville.
Yvan Durand propose de convertir le site en centre éducatif d'abord réservé aux enfants de Harkis. Les 16 baraquements composant le hameau forestier sont réutilisés pour loger les enfants, les membres du personnel, ou dédiés à l'intendance. Le CEO ouvre le 1er mars 1965. En 1966 sont construits des bâtiments destinés à la section de pré-formation professionnelle et aux équipements d'atelier avec machines-outils. Il fonctionnera jusqu'en 1971. La date de destruction du hameau n'est pas connu, les baraquements auraient été démontés et vendus pour être remontés en Ardèche.
Aujourd'hui il ne subsiste des baraquements que les traces des socles de béton sur le sol ainsi que des débris (granito) et les vestiges d'escaliers, les regards d'égout. On retrouve également les stigmates d'un semblant de "place d'armes" en demi-cercle installé devant le perron à double escalier de l'habitation du chef de hameau. Des ruines de quelques constructions dont un bâtiment abritant une cuisine qui avaient été érigées pour répondre aux besoins du centre éducatif sont encore visibles.
Le 5 juillet 2016, Jean-Marc Todeschini, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Défense, chargé des Anciens Combattants et de la Mémoire y a dévoilé une plaque mémorielle en hommage aux harkis ayant vécu dans le hameau.